À qui profitent les traductions françaises de l’intersec- tionnalité ? C’est la question que cet article souhaite poser en proposant une cartographie de la réception de ce concept issu du Black Feminism au sein du champ académique français entre 2005 et 2017. À partir de l’analyse d’un corpus de 27 textes et de leurs 1077 citations, l’article reconstitue les voyages francophones de l’intersectionnalité. Il s’intéresse aux positions des universitaires qui ont traduit et accompagné le concept, en reconstituant le réseau de leurs relations et de leurs oppositions théoriques, politiques et intellectuelles. L’article montre que la traduction comme la réception de l’intersectionnalité ont d’abord profité symbolique- ment et matériellement à des chercheur·se·s blanc·he·s inscrit·e·s dans la continuité du mouvement féministe majoritaire français. Paradoxalement, l’importation de ce savoir féministe noir dans le champ académique français a prolongé l’invisibilisation des pensées et des luttes noires et minoritaires francophones, et décentré l’intersectionnalité du projet du Black feminism, qui plaçait l’expérience vécue en tant que femmes noires au centre de la production du savoir.
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